vendredi 19 novembre 2010

Le lion, l'autruche et le censeur

Azaan: 
Je viens de lire un article très intéressant, contre la censure. 

Jahia: 
Oui probablement...Tu sais quoi? Je commence à m'en foutre carrément de ce qui se passe dans ce pays.

Azaan: 
Pourquoi?

Jahia: 
Parce que c’est une perte de temps et d'énergie. En y réfléchissant, je préfère les perdre à faire quelque chose de ma vie. 

Azaan:  
Comme quoi ? 

Jahia: 
Me cultiver, préserver mon intégrité… plutôt que combattre un adversaire invisible.

Azaan: 
Tu es belle. Mais je ne sais pas, je me dis que combattre les forces du mal donne un sens à la vie, comme faire des enfants. 

Jahia: 
Probablement, ça donne un sens si tu réduis ta vie à ta citoyenneté. La vie est plus grande que ça.

Azaan: 
C’est une empreinte incertaine qu'on laisse sur terre.

Jahia: 
Je ne suis pas d'accord. De toute façon, les choses changeront d'elles mêmes, lorsqu’il ne sera plus là. A ce moment précis, il faudra réagir et réclamer des choses.

Azaan: 
Les choses ne changent qu'avec les hommes

Jahia: 
Mais toujours au bon moment ; là, on ne peut rien faire.

Azaan: 
Lorsque le bon moment se présentera, il faut qu'il y ait des gens au taquet.

Jahia: 
Il ya tellement de choses à faire pour soi, là, maintenant ; et je me dis, bordel ! Tant d’énergie perdue. Tous ces jours où j’ai déprimé, pour cette raison ou pour d’autres, j’aurai achevé tellement de choses. Je serais probablement une autre personne, plus accomplie. 

Azaan: 
Mmm… peut-être, peut-être pas. Moi et le conditionnel, tu sais, on n’est pas potes, une histoire d'effet papillon qui gâche tout entre nous. 

Jahia: 
Oui, bref… Tout ça pour te dire que j’ai décidé de m'en foutre. Je vis ici, autant y vivre pleinement. 

Azaan: 
Moi, par contre je ne m'en foutrai pas, je te le dis tout de suite. Parce que le fait de m'occuper de moi inclut de me préoccuper des choses du monde. 

Jahia: 
Ceux qui parlent, ne le font pas car ils ont osé le faire, mais parce qu’ils peuvent le faire. En gros, ils ne prennent aucun risque.  Beaucoup applaudissent la moindre initiative sans chercher les raisons. 

Azaan: 
Oui, je le sais bien.
Mais beaucoup de gens peuvent parler. Pourquoi seuls quelques’ uns élèvent la voix ? 

Jahia: 
Parce que ça les a touchés directement. 

Azaan: 
Plein de gens sont bien placés. Pourquoi seuls quelques’ uns parlent ? 

Jahia: 
Leurs intérêts ont été touchés. 

Azaan: 
Oui. Mais là je pense que c'est bien. C’est comme…j'essaye de te trouver une belle analogie. Moi, je veux prendre un poste de manager, on me le donne parce que le manager a crevé et que la boîte a besoin de remplacement rapide, je le refuse?

Jahia: 
Je ne vois pas l'analogie 

Azaan: 
Je veux dire que c'est une chose de bien dans l'absolu, dans ses conséquences. Si les conséquences sont bonnes, doit-on se soucier des causes? 

Jahia: 
Doit-on se soucier des causes…Je pense que oui.

Azaan: 
Peut-être… 

Jahia: 
Parce que les mêmes causes entraînent les mêmes conséquences et réversiblement,  d'autres causes donneront d'autres conséquences


Azaan: 
Les causes finissent toujours par se répercuter, mais il s'agit d'un problème complexe, deux plateaux sur une balance, tu vois un peu? D'un coté une action avec des mauvaises causes qui peuvent se répercuter négativement, de l'autre des conséquences probablement positives et immédiates. A méditer, je ne trancherais pas aussi vite.

Jahia: 
Oui.


3 commentaires:

  1. sans doute le meilleur post que j'aie lue depuis des mois:)
    Bravo à vous deux :)

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  2. euh ... je vous connais de meilleures plumes tous les deux. (oui je suis dans ma phase où je n'aime rien -_-)

    Mais pour le sujet, vous posez de bonnes questions. Enfin je précise: vous exhiber de bonnes question! parce qu'au fond vous l'écrivez quand bcp le pensent sans l'assumer ... ci bien :)

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